Juliette Gréco, née le 7 février 1927 à Montpellier, est une chanteuse et actrice de cinéma française.
Biographie
En 1939, elle est petit rat à l'Opéra de Paris. Sa mère l'entraîne dans la résistance. Capturée, elle n'est pas déportée à cause de son jeune âge mais elle est emprisonnée à Fresnes. Une fois libérée, elle se retrouve sans ressource à Paris. Elle se rend alors chez la seule personne de sa connaissance résidant dans la capitale, Hélène Duc, qui fut son professeur de français à Bergerac et une amie de sa mère. Elle sait qu’Hélène habite rue Servandoni, près de l’église Saint-Sulpice. Hélène Duc la loge dans la pension où elle-même demeure et la prend en charge. Le quartier de Saint-Germain-des-Prés est à deux pas de là et, en 1945, Juliette découvre le bouillonnement intellectuel de la rive gauche et la vie politique à travers les Jeunesses communistes. Elle décroche quelques rôles au théâtre (Victor ou les Enfants au pouvoir et travaille sur une émission de radio consacrée à la poésie. En 1949, elle participe à la réouverture du cabaret « Le Bœuf sur le toit » disposant d'un riche répertoire (de Jean-Paul Sartre à Boris Vian...). En , elle reçoit le prix de la SACEM pour Je hais les dimanches. En 1952 elle part en tournée au Brésil et aux États-Unis dans la Revue « April in Paris ». En 1954, elle chante à l'Olympia et rencontre son futur époux, le comédien Philippe Lemaire, sur le tournage du film Quand tu liras cette lettre de Jean-Pierre Melville. Ils divorcent en 1956 après la naissance de leur fille Laurence-Marie. Elle repart pour New York et ses interprétations des plus grands auteurs français enthousiasment les américains. Hollywood la courtise. Elle rencontre le puissant producteur Darryl Zanuck sur le tournage du film Le soleil se lève aussi d'Henry King (1957). Il devient son compagnon, malgré les différences d'âge et de tempérament. Elle tourne dans quelques-unes de ses productions jusqu'en 1961 notamment sous la direction de John Huston et de Richard Fleischer avec Orson Welles comme partenaire respectivement dans Les Racines du ciel (1958) et dans Drame dans un miroir (1960). De 1959 à 1963 elle se consacre à la chanson, découvre et fait découvrir de nouveaux talents : Serge Gainsbourg, Guy Béart et Léo Ferré. En 1965, elle tient un rôle de premier plan dans le feuilleton télévisé Belphégor ou le Fantôme du Louvre et fera une tentative de suicide quelque temps plus tard. En 1967, elle fait la connaissance de Michel Piccoli qui deviendra son mari. Ils se sépareront en 1977. En 1968, elle inaugure la formule des concerts de 18 heures 30 au Théâtre de la Ville à Paris. Elle y interprète une de ses plus célèbres chansons, Déshabillez-moi. À partir de 1975 Gérard Jouannest, son pianiste et accompagnateur depuis 1968, compose la musique de ses chansons. Elle l'épouse en 1989. Elle fait de nombreuses tournées à l'étranger et plus fréquemment en Allemagne et au Japon. Elle est faite Chevalier de la Légion d'honneur par le Premier ministre Laurent Fabius, le 23 octobre 1984. En mai 2001, elle fait un malaise cardiaque lors d'un concert à Montpellier. Elle retrouve une fois de plus son public de l'Olympia en 2004 avant de continuer ses récitals en tournée. Elle est membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la Décennie de la culture de paix et de non-violence. Le 10 mars 2007, les Victoires de la musique la couronnent d'une « Victoire d'honneur » pour toute sa carrière. Les recettes de Juliette
Gréco s’applique à interpréter et révéler de nouveaux auteurs et compositeurs, démarche artistique qui semble l’enthousiasmer davantage que d’écrire elle-même ses chansons. Elle s’essaie néanmoins à l’écriture dans ses deux albums enregistrés sous le label RCA Victor. Ainsi, elle interprète très sensuellement, sur une musique de Gérard Jouannest, Le Mal du temps (1975) et Pays de déraison (1977) tandis qu’elle paraît préférer le titre qu’elle consacre à la maternité, L’Enfant. Mais sa réussite d’auteur-interprète est sûrement sa recette du « Suprême de volaille aux crevettes » qu’elle débite avec gourmandise et jubilation en 1969 sur une musique de Marius Constant adaptée pour la circonstance par Michel Legrand : un régal…L'Éternel féminin, Volume 20 (Inédits INA) L’interprète et ses auteurs
La. La. La. — Émission télé de 1966La. La. La. – Juliette Gréco, diffusée le 26 juillet 1966, 1 chaîne ORTF.
Lors de cette émission qui lui est entièrement consacrée, Gréco est entourée de quelques uns de ses auteurs et compositeurs, un incroyable plateau rempli de légendes de la chanson française, entre autres : Charles Trenet, Joseph Kosma, Françoise Sagan, Serge Gainsbourg et Pierre Louki. Deux d’entre eux témoignent ainsi :
- Joseph Kosma :
- Serge Gainsbourg (après avoir interprété La Javanaise) :
- Auprès de Pierre Louki, Gréco se désole que le talent de celui-ci ne soit pas reconnu à sa juste valeur :
- Gréco :
- Pierre Louki : (Gréco chante Sur l’Arbre mort, paroles de Pierre Louki et musique de Colette Mansard, 1963). Citations
- Jean-Paul Sartre :
- Pierre Mac Orlan : Extrait d’une dédicace manuscrite de Pierre Mac Orlan datée de 1966 (fac simile) in Jujube, mémoires de Juliette Gréco, Éditions Stock, Paris, 1982, ISBN 2234008166.
- Alice Sapritch : Mémoires inachevées d'Alice Sapritch, Éditions Ramsay, Paris, 1990, ISBN 2859568271.
- Jean-Pierre Melville (à propos de son film Quand tu liras cette lettre) : In Juliette Gréco par Michel Grisolia et Françoise Mallet-Joris, Éditions Seghers (voir section bibliographie).
- Benjamin Biolay, à propos de leur collaborationAlbum Aimez-vous les uns les autres ou bien disparaissez... (2003). : Technikart N° 114, juillet-août 2007. Anecdotes
- Gag au placard : En 1966, Claude Dejacques, producteur chez Philips, a une idée amusante. Il conçoit de sortir, pour le , un album-gag dans lequel les plus grands artistes maison échangent leurs tubes respectifs. Ainsi, Gréco reprend Le Folklore américain de Sheila et Le Jouet extraordinaire de Claude François tandis que France Gall reprend Jolie môme, un grand succès de Gréco en 1961. Comme beaucoup d'idées originales, l'album poisson d'avril 1966 restera dans les placards de Philips, on ignore pour quelles raisons. Néanmoins, les deux enregistrements historiques de Gréco seront inclus dans le volume 8 de son intégrale L'Éternel féminin parue en 2003. Discographie
Ses grandes chansons
- 1950 : Si tu t’imagines, poème de Raymond Queneau mis en musique de Joseph Kosma.
- 1950 : La Fourmi, poème de Robert Desnos mis en musique par Joseph Kosma.
- 1951 : Je suis comme je suis, paroles de Jacques Prévert et musique de Joseph Kosma.Fredonnée par Arletty sur une première musique dans le film Les Enfants du paradis, Gréco en fera « sa chanson » sur une nouvelle composition de Joseph Kosma.
- 1951 : Les Feuilles mortes, paroles de Jacques Prévert et musique de Joseph Kosma du film Les Portes de la nuit de Marcel Carné.Interprétée par Yves Montand dans le film de Carné et créée auparavant par Cora Vaucaire, Gréco contribua à faire de cette chanson un succès et un classique mondial.
- 1951 : Sous le ciel de Paris, paroles de Jean Dréjac et musique d’Hubert Giraud du film Sous le ciel de Paris de Julien Duvivier.
- 1951 : Je hais les dimanches, paroles de Charles Aznavour et musique de Florence Véran.D’abord refusée par Édith Piaf, cette chanson déclencha la levée de boucliers d’une certaine presse qui la perçut mal et rétorqua : (in Juliette Gréco par Michel Grisolia et Françoise Mallet-Joris, voir section bibliographie).Gréco dût également à cette chanson de remporter le « Prix Édith-Piaf d’interprétation » ( ! ) au concours de Deauville le 23 août 1951 et de s’attirer ainsi les ressentiments d’Édith Piaf qui voulut alors l’enregistrer à son tour (au mois d’octobre de la même année avec la mention « Prix Édith-Piaf à Deauville ! »). Cette chanson primée popularisa Gréco auprès du grand public grâce à sa large radiodiffusion (notes extraites de l’intégrale L’Éternel Féminin).
- 1953 : La Fiancée du pirate, extraite de L'Opéra de quat'sous, adaptation française d’André De Mauprey d’après des paroles de Bertolt Brecht, musique de Kurt Weill.
- 1954 : Coin de rue, paroles et musique de Charles Trenet
- 1955 : Chanson pour l'Auvergnat, paroles et musique de Georges Brassens
- 1960 : Il n’y a plus d’après, paroles et musique de Guy Béart
- 1961 : Jolie môme, paroles et musique de Léo Ferré
- 1961 : C’était bien (Le P’tit bal perdu), paroles de Robert Nyel et musique de Gaby Verlor
- 1962 : Accordéon, paroles et musique de Serge Gainsbourg
- 1962 : Paris canaille, paroles et musique de Léo Ferré
- 1963 : La Javanaise, paroles et musique de Serge Gainsbourg
- 1966 : Un petit poisson, un petit oiseau, paroles de Jean-Max Rivière et musique de Gérard Bourgeois
- 1967 : Déshabillez-moi, paroles de Robert Nyel et musique de Gaby Verlor
- 1970 : Les Pingouins, paroles et musique de Frédéric Botton
- 1971 : La Chanson des vieux amants, paroles de Jacques Brel et musique de Gérard Jouannest
- 1971 : J’arrive, paroles de Jacques Brel et musique de Gérard Jouannest
- 1972 : Mon fils chante, paroles de Maurice Fanon et musique de Gérard Jouannest
- 1977 : Non monsieur je n’ai pas vingt ans, paroles d’Henri Gougaud et musique de Gérard Jouannest
- 1983 : Le Temps des cerises, poème de Jean-Baptiste Clément et musique d’Antoine Renard
- 1988 : Ne me quitte pas, paroles et musique de Jacques BrelAprès avoir longtemps hésité, Gréco l’interpréta pour la première fois sur scène à Tokyo lors de l’hommage rendu à Jacques Brel pour l’anniversaire de sa disparition en 1988. Elle expliqua : – Note extraite de son intégrale L’Éternel Féminin. Intégrale
- 2003 — L'Éternel féminin — Intégrale en 21 CD Mercury Compilations
- 1990 — Je suis comme je suis — 2 CD Réédition Mercury en 2002
- 1991 — Déshabillez-moi — 1 CD Réédition Mercury en 2003 Vidéographie
- 2004 — Juliette Gréco Olympia 2004 — 1 DVD Polydor Filmographie
- 1948 : Les Frères Bouquinquant de Louis Daquin : une religieuse
- 1949 : Ulysse ou les mauvaises rencontres (Aller et retour), court métrage d'Alexandre Astruc : Calypso
- 1949 : Au royaume des cieux de Julien Duvivier : Rachel
- 1950 : Orphée de Jean Cocteau : Aglaonice
- 1950 : Sans laisser d'adresse de Jean-Paul Le Chanois : la chanteuse — Elle chante La Fiancée du prestidigitateur
- 1951 : Boum sur Paris de Maurice de Canonge : elle-même
- 1952 : Le Gantelet vert (The Green Glove) de Rudolph Maté : la chanteuse — Elle chante chante Romance et L’amour est parti
- 1953 : La Route du bonheur (Saluti e baci) de Maurice Labro et Giorgio Simonelli : elle-même
- 1953 : Quand tu liras cette lettre de Jean-Pierre Melville : Thérèse Voise
- 1955 : Elena et les hommes de Jean Renoir : Miarka, la bohémienne — Elle chante Miarka et Méfiez-vous de Paris
- 1956 : La Châtelaine du Liban (La Castellana del Libano) de Richard Pottier : Maroussia — Elle chante Mon cœur n’était pas fait pour ça
- 1956 : L'Homme et l'enfant de Raoul André : Nicky Nistakos
- 1957 : Œil pour œil (Occhio per occhio) d’André Cayatte, Gréco (silhouette) chante C’est de destin qui commande
- 1957 : Le Soleil se lève aussi (The Sun Also Rises) d'Henry King : Georgette Aubin
- 1958 : Bonjour tristesse d'Otto Preminger : elle-même — Elle chante Bonjour tristesse
- 1958 : Les Racines du ciel (The Roots of Heaven) de John Huston : Minna
- 1958 : La Rivière des alligators (The Naked Earth) de Vincent Sherman : Maria — Elle chante Demain il fera jour
- 1959 : La Lorelei brune (Whirlpool) de Lewis Allen : Lora — Elle chante Whirlpool
- 1960 : Drame dans un miroir (Crack in the Mirror) de Richard Fleischer : Éponine/Florence
- 1961 : Le Grand risque (The Big Gamble) de Richard Fleischer : Marie
- 1962 : Maléfices d'Henri Decoin : Myriam Heller
- 1964 : Cherchez l'idole de Michel Boisrond : simple apparition
- 1965 : L'Amour à la mer de Guy Gilles : l'actrice
- 1965 : La Case de l'oncle Tom (Onkel Toms Hütte) de Géza von Radványi : Dinah — Elle chante Tant pis, tant pis pour moi (So Much the Worse For Me)
- 1965 : Belphégor ou le Fantôme du Louvre, feuilleton télévisé de Claude Barma : Laurence/Stéphanie — Suite au succès de ce feuilleton dans lequel elle ne chante pas, Gréco enregistre postérieurement la chanson Belphégor (le compositeur Philippe-Gérard s'inspire de la musique composée par Antoine Duhamel pour le feuilleton)
- 1966 : La Nuit des généraux (The Night of the Generals) d'Anatole Litvak : Juliette
- 1967 : Le Désordre à vingt ans de Jacques Baratier, documentaire : elle-même
- 1973 : Far West de Jacques Brel : simple apparition
- 1975 : Lily aime-moi de Maurice Dugowson : Flo
- 1999 : Lettre à mon frère Guy Gilles, cinéaste trop tôt disparu de Luc Bernard, documentaire (moyen métrage) : elle-même
- 2000 : Paris à tout prix d'Yves Jeuland, documentaire : elle-même
- 2001 : Belphégor, le fantôme du Louvre : la dame qui passe dans le cimetière
- 2002 : La Dernière fête de Jedermann (Jedermanns Fest) de Fritz Lehner : Yvonne Becker Théâtre
- 1946 : Victor ou les Enfants au pouvoir de Roger Vitrac, Théâtre de la Gaîté-Montparnasse.
- 1955 : Anastasia de Marcelle Maurette, Théâtre Antoine.
- 1964 : Bonheur impair et passe de Françoise Sagan, Théâtre Édouard VII. Bibliographie
Mémoires
- 1982 : Jujube par Juliette Gréco, Éditions Stock, Paris, ISBN 2-234-00816-6. Biographie
- 1994 : De Juliette à Gréco de Françoise Piazza et Bruno Blanckeman, Éditions Christian De Bartillat, ISBN 2-841-00000-1.
- 2001 : Juliette Gréco : les vies d'une chanteuse par Bertrand Dicale, Éditions Jean-Claude Lattès, ISBN 2-709-62102-9. Essais
- 1975 : Juliette Gréco par Michel Grisolia et Françoise Mallet-Joris, Collection Poésie & Chansons, Éditions Seghers, Paris.
- 1990 : Juliette Gréco par Régine Deforges et photos d'Irmeli Jung, Éditions Imprimerie Nationale, Paris. Voir aussi
- Juliette Gréco : Chansons sur Paris ==