Cathédrale Notre-Dame de Chartres
La cathédrale de nuit. La cathédrale Notre-Dame de Chartres est le monument le plus célèbre de Chartres, préfecture du département d'Eure-et-Loir, située à 80 kilomètres au sud-ouest de Paris. Elle est considérée comme un des plus parfaits édifices gothiques. L'actuelle cathédrale, d'architecture gothique, a été construite au début du , pour la majeure partie en 30 ans, sur les ruines d'une précédente cathédrale romane, détruite lors d'un incendie en 1194. On reconnaît facilement la cathédrale Notre-Dame de Chartres du fait de la grande différence entre ses deux tours : la tour nord a une base de type gothique ancien (avec contrefort et peu d'ouverture), surmontée d'une flèche flamboyante plus tardive (datée du ) ; en revanche, la tour sud, dotée d'une base typiquement gothique, est surmontée d'une flèche très simple. Grand lieu de pèlerinage, cette cathédrale et ses tours dominent la ville de Chartres et la plaine de la Beauce alentour. Elles s'aperçoivent à plusieurs dizaines de kilomètres de distance. La cathédrale a été le premier monument classé au patrimoine mondial par l'UNESCO en 1979.
Histoire
Henri IV fut le seul roi de France sacré dans cette cathédrale et non pas à Reims selon la tradition. Paris était en effet tenu par les catholiques, qui opposaient leur résistance au roi à cause de sa religion protestante. C'est à cette occasion que le monarque aurait prononcé la phrase célèbre : « Paris vaut bien une messe ». Il se convertit et fut sacré roi de France ; dès lors, les catholiques se rendirent progressivement. Construction
Plan La cathédrale a été construite par des ouvriers spécialisés, appelés compagnons, réunis en confréries ou fraternités. À cette période, il existait trois fraternités : les Enfants du Père Soubise, les enfants de Maître Jacques, et les Enfants de Salomon liés à l'Ordre du Temple. Ces derniers ont laissé sur les pierres ou les poutres, quelques signes gravés qui sont leurs signatures. Les tracés directeurs, de facture duodécimale, de la construction de son plan ont été directement exécutés grâce à la corde à treize nœuds, un des outils des compagnons bâtisseurs. On peut y voir plusieurs symboles inhabituels tels que les signes du zodiaque. La grande rose est une des plus grandes du monde (13.36m de diamètre) Quelques chiffres
- Longueur : 130 mètres
- Largeur : 32 / 46 mètres
- Nef : 37 mètres de hauteur ; largeur : 16, 40 mètres
- 176 verrières
- Clôture du chœur : 200 statues Portails sculptés
Portail royal (façade occidentale)
Détail du portail royal La façade occidentale constitue la porte d'entrée principale de l'édifice religieux. Encadrée par deux tours, elle présente un programme sculpté important : 24 grandes statues (il en reste 19 aujourd'hui) et plus de 300 figures forment un décor en harmonie avec l'architecture de la cathédraleLouis Gillet, Histoire de l'Art français, tome 1 : des origines à Clouet, Paris, Zodiaque, 1977, page 220. Le décor derrière les statues représente les derniers feux du style roman : entrelacs, colonnettes, feuilles d'acanthe témoignent des influences méridionales. Portail nord
Tympan du couronnement de la Vierge, porche nord Le porche nord est aussi appelé "portail de l'Alliance". Ses statues ont été exécutées entre 1205 et 1210Georges Duby, Le Moyen Âge, Paris, Seuil, 1995, page 294. Elles représentent des scènes de l'Ancien Testament et de la vie de la vierge Marie. Les voussures de la baie centrale évoquent les épisodes de la Genèse. La baie de droite reprend le thème des travaux et des jours, ainsi que des arts libéraux. Portail sud
Appelé aussi "portail de l'Église", il met en scène le Jugement Dernier (tympan central). Sont également figurés les confesseurs (portail de droite), les apôtres et les martyrs (portail gauche). Vitraux
La cathédrale de Chartres possède le plus important ensemble vitré du , remarquablement préservé jusqu'à ce jour (notamment ses bleus inimitables). Il y a le nombre remarquable de 176 vitraux (petites roses comprises), sur une surface de 2 600 m². Pour la plupart, ils représentent des saints et saintes ou des personnages de la Bible : (Noé, Joseph, le Bon Samaritain, le Fils Prodigue...) mais aussi de la Légende dorée de Jacques de Voragine (dominicain italien du ). Image:France_Eure-et-Loir_Chartres_Cathedrale_Vitraux_01.jpg Image:France_Eure-et-Loir_Chartres_Cathedrale_Vitraux_02.jpg Image:France_Eure-et-Loir_Chartres_Cathedrale_Vitraux_03.jpg Le Labyrinthe
Labyrinthe de la cathédrale de Chartres Le labyrinthe de Chartres, œuvre du , est une figure géométrique circulaire inscrite dans toute la largeur du pavage de la nef principale, entre les troisième et quatrième travées. Elle représente un tracé continu déployé de 261, 55 m, partant de l'extérieur et aboutissant au centre, en une succession de tournants et d'arcs de cercles concentriques. Une de ses particularités est que, partant du centre ou de l'extérieur, le chemin parcouru présente exactement le même enchaînement de tournants et d'arcs de cercle. Le labyrinthe serait un chemin symbolique qui mènerait l'homme de la terre à Dieu ; un chemin où l'homme irait à la rencontre de Dieu. Le centre de cette grande figure symbolise la Cité de Dieu. La démarche du labyrinthe ne consiste pas seulement à aller jusqu'au centre mais à en repartir. Le pèlerin est invité à emprunter la ligne tracée face à lui pour monter vers le chœur de la cathédrale, vers l'orient, vers la lumière (il évite aussi un voyage, souvent dangereux, sur les lieux saints). C'est un lieu réputé en géobiologie (radiesthésie). La clôture
Une scène de la clôture du chœur: la flagellation de Jésus Elle se trouve à l'intérieur de la cathédrale et entoure le chœur. Elle est entièrement sculptée (40 groupes, 200 statues au total) par Jehan de Beauce au début du . Le programme iconographique est de style Renaissance et évoque les épisodes de la vie de Jésus et de la Vierge Marie. La crypte
La cathédrale actuelle résulte de 7 constructions de différentes époques, elles-mêmes reposant sur un lieu de culte druidique du pays des Carnutes. Les cathédrales ont souvent été superposées, servant chacune de fondations à celle qui a succédé. Les parties qui n'ont pas été remblayées forment deux cryptes concentriques qu'il est possible de visiter. Elle permet d'avoir un aperçu des fondations et de fresques du , ainsi que du puits qui date des premières constructions. On peut y voir également une statue de "vierge à l'enfant" noire, réplique d'une statue médiévale, l'originale ayant été perdue dans un incendie. La crypte intérieure
Les premiers chrétiens auraient édifié du IV au des sanctuaires successivement dévastés par les flammes et/ou persécutions religieuses. Un vestige de muraille, généralement attribué à l'époque gallo-romaine, rappelle la première église, mais il ne subsiste rien de celle du , pas plus que de celle détruite en 858 par les Normands. Par contre la crypte de l'église carolingienne édifiée par Gislebertus au existe toujours. Elle porte le nom de caveau Saint-Lubin et se situe sous le chœur de la cathédrale actuelle, juste sous le maître-autel. La crypte extérieure
La deuxième, appelée crypte Saint-Fulbert, qui enveloppe ce caveau, part d'un clocher et fait le tour de l'édifice. Datant du , avec ses 230 mètres de long sur 5 à 6 mètres de large, elle est la plus grande crypte de France. En partant de l'extrémité de la galerie nord, on arrive à la chapelle de Notre-Dame Sous-Terre, vraisemblablement le plus ancien sanctuaire marial du monde, où on peut contempler une reproduction récente de la statue de l'antique Madone, le modèle original ayant été brûlé par les révolutionnaires en 1793. Elle mêle sans doute l'image d'une divinité féminine remontant au temps des druides, au culte marial. La galerie devient semi-circulaire sous le chevet et s'ouvre sur trois chapelles romanes profondes, encadrées par quatre plus petites chapelles gothiques du . C'est là que se trouve le puit dit des Saints-Forts (33 m de profondeur), érigé sur une base gallo-romaine carrée, dont l'eau passait au Moyen Âge pour posséder des vertus miraculeuses. Dans la galerie sud, on peut admirer une fresque du comprenant la représentation, pense-t-on, de la cathédrale romane de l'époque. La vierge au pilier
Cette vierge en bois de poirier date d'environ 1540, elle était autrefois adossée au jubé qui a été détruit au . Le voile de la Vierge
Il s'agit d'une relique très importante qui fut offerte en 876 à la cathédrale par Charles le Chauve, empereur d'Occident. Ce voile, selon la tradition, est la chemise que portait Marie lors de l'Annonciation, au moment ou le Verbe fut conçu. Cette relique importante drainait de nombreux pèlerins. Lors de l'incendie de l'ancienne église, en 1194, on crut que la relique était perdue mais on la retrouva intacte : cela fut interprété comme le fait que la vierge Marie désirait une plus grande église pour sa relique, et explique peut-être l'enthousiasme et la rapidité avec laquelle la nouvelle cathédrale fut bâtie. La relique était enchâssée dans une châsse de grande valeur, mais les joyaux furent vendus à la révolution. De même le voile fut découpé en plusieurs morceaux, qui furent vendus. Une expertise du tissu a confirmé sa datation, qui remonte bien à la haute antiquité. Il n'est d'ailleurs pas douteux que la vierge Marie, qui descendait de la famille royale de David et de Salomon par ses deux parents, sainte Anne (tribu d'Aaron) et saint Joachim (tribu de Juda), ait porté un vêtement de soie d'une telle valeur. Le voile est toujours exposé dans le déambulatoire, du côté nord, dans une des chapelles absidales. Notre-Dame de Chartres reste un lieu de pèlerinage important à l'heure actuelle, principalement grâce à l'engouement pour la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, dont Chartres est une étape pour les pèlerins qui viennent du Nord par la route de Paris. La cathédrale de Chartres dans la fiction
Joris-Karl Huysmans a publié en 1898 un roman intitulé La Cathédrale où il s'initie à la symbolique médiévale et catholique à Chartres. Ce roman connut un certain écho à l'époque. Les principaux pèlerinages
La cathédrale Notre-Dame de Chartres est, depuis son édification, un haut lieu de pèlerinage pour les catholiques français - ce qui explique notamment l'ampleur du déambulatoire, permettant la circulation des fidèles autour du chœur. Au cours du , les pèlerinages à Chartres ont connu un nouvel élan, à la suite de l'écrivain Charles Péguy qui se rendit à pied de Paris à Chartres en 1912, accomplissant un vœu fait au chevet de son fils malade. Après la mort de Péguy en 1914, certains de ses amis refirent la route en méditant ses poèmes, initiant un vaste mouvement de pèlerinages à Chartres, parmi lesquels :
- le pèlerinage étudiant, organisé par les aumôneries de l'enseignement supérieur en Île-de-France, aux Rameaux,
- le pèlerinage Notre-Dame de Chrétienté, d'inspiration traditionaliste, à la Pentecôte,
- le pèlerinage du monde du travail. À la Pentecôte, il y a un pèlerinage de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X (FSSPX) qui effectue le parcours en sens inverse, de Chartres à Montmartre mais qui n'a pas encore obtenu l'autorisation de célébrer la messe ni dans la Cathédrale de Chartres, ni dans la Basilique du Sacré Cœur de Montmartre. Chartres est également une étape importante pour les pèlerins qui viennent du nord de l'Europe et qui font route vers Saint-Jacques-de-Compostelle, en empruntant la route de Paris à Tours. Vue du ciel
Image:Cat CHARTRES 1.JPG|vue par avion Image:Cat_CHARTRES_2.JPG|vue par avion Photos
Image:PorcheCentralNordCathedraleChartre041130.JPG|Porche Central Nord de la Cathédrale Image:France_Eure-et-Loir_Chartres_Cathedrale_01.jpg|Façade Image:France_Eure_et_Loir_Chartres_Cathedrale_nuit_03.jpg|La cathédrale pendant Chartres en lumières 2006 par Xavier de Richemont Image:France_Eure_et_Loir_Chartres_Cathedrale_nuit_04.jpg|La cathédrale pendant Chartres en lumières 2006 par Xavier de Richemont Image:France_Eure-et-Loir_Chartres_Cathedrale_02.jpg|Portail Nord Image:France_Eure_et_Loir_Chartres_Cathedrale_Portail_nord_illumine_01.JPG|Le portail nord pendant Chartres en lumières 2006 par Xavier de Richemont Voir aussi
Notes
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