Une nouvelle est un récit de fiction court en prose, qui peut de ce fait être publié aussi bien dans les journaux qu'en recueil. Ce genre littéraire apparu à la fin du Moyen Âge, était alors proche du roman, et, d'inspiration réaliste, se distinguait peu du conte. À partir du , les auteurs ont progressivement développé d'autres les possibilités du genre, en s'appuyant sur la concentration de l'histoire pour renforcer l'effet de celle-ci sur le lecteur, par exemple par un dénouement surprenant. Les thèmes se sont également élargis : la nouvelle est devenue une forme privilégiée de la littérature fantastique, policière, et de science-fiction. L'influence d'Edgar Poe sur le genre est à cet égard primordiale.
Histoire de la nouvelle
Naissance du genre
La nouvelle naît en France à la fin du Moyen Âge. Elle vient s’ajouter, et en partie se substituer, à une multitude des récits brefs : fabliaux, lais, dits, devis, exemple, contes, etc. Directement inspiré du Décaméron (1349-1353) de Boccace, le premier recueil de nouvelles françaises, anonyme, Les Cent Nouvelles nouvelles, est probablement paru entre 1462 et 1466. Mais c’est le qui verra le véritable essor du genre. En 1558, avec L'Heptaméron, Marguerite de Navarre donne au genre ses premières lettres de noblesse : dans ce recueil inachevé de 72 récitsIl devait en comporter cent au départ, comme le Décaméron, dont il se voulait une imitation.), voisinant avec les récits licencieux hérités des fabliaux, on trouve des histoires plus graves, où l’anecdote laisse en partie la place à l’analyse psychologique. Premières évolutions
Publiées en 1613 et traduites en français deux ans plus tard, les Nouvelles exemplaires de Miguel de Cervantes, l’auteur de Don Quichotte, connaissent un succès considérable et constitueront pour longtemps la référence. Sous leur influence, le genre va subir une évolution double, déterminée par ses relations avec le roman. Dans un premier temps, on voit la nouvelle se rapprocher de celui-ci par ses sujets et sa composition : ainsi, La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette est considérée, au moment de sa parution, comme une nouvelle. Les romans contemporains intègrent d'ailleurs souvent en leur sein des nouvelles, sous la forme de digressions à l'intérieur du récit principal, ou d'histoires racontées par des personnages à d'autres. Mais la nouvelle se distingue cependant des romans de l’époque, extrêmement longs et touffus, par son action plus resserrée. C’est cette conception qui, dans les dernières décennies du XVIII siècle, l’emportera finalement sur la nouvelle « petit roman », et qui se développera au cours du siècle suivant. L'essor du genre
On s’accorde à considérer le XIX siècle comme l’âge de l'essor de la nouvelle. Et d'Honoré de Balzac (Contes drolatiques) à Gustave Flaubert (Trois contes), de Victor Hugo (Claude Gueux) à Stendhal (Chroniques italiennes), d'Alfred de Musset à Barbey d’Aurevilly (Les Diaboliques), de George Sand (Nouvelles) à Zola (Contes à Ninon), il n’est guère de romancier d’importance qui n’ait écrit de nouvelles, et même de recueil de nouvelles. Certains, comme Prosper Mérimée et surtout Guy de Maupassant, avec dix-huit recueils publiés de son vivant, se sont même spécialisés dans le genre. Si la nouvelle exploite alors en France surtout les deux veines apparemment opposées du réalisme et du fantastique, il n’est guère de thèmes qu’elle n’aborde, guère de tons qu’elle n’emprunte. Au reste, son prestige ne se limite pas à la France : en témoignent, entre autres, Hoffmann, Edgar Poe, Henry James, Herman Melville, Pouchkine, Gogol, Tchekhov, et bien d’autres. Il convient enfin de rappeler que c’est au cours du XIX siècle que sont proposées les théories les plus élaborées du genre, d’abord en Allemagne (Goethe, qui fonde avec la Nouvelle le modèle du genre et Schlegel), puis aux États-Unis (Poe et James). Alphonse Allais, fondateur du rire moderne, introduit la folie dans ses nouvelles, comme Les templiers. Le XX siècle a vu de nombreux écrivains choisir la forme courte. En France, Sartre, bien sûr, et son recueil Le Mur, mais aussi, parmi les contemporains, Georges-Olivier Châteaureynaud, Dominique Mainard, Hubert Haddad, pour n'en citer que quelques-uns, connus ou moins connus. Certains ont choisi de ne s'exprimer (presque) que par la nouvelle, parfois très courte : c'est le cas du belge Thomas Gunzig, de Georges Kolebka, d'Hervé Le Tellier et surtout d'Annie Saumont. Poétique de la nouvelle
Une nouvelle possède plusieurs caractéristiques, toutes liées à sa brièveté.
- Contrairement au roman, elle est centrée sur un seul événement.
- Les personnages sont peu nombreux et sont moins développés que dans le roman.
- La fin est souvent inattendue, et prend la forme d'une « chute » parfois longue de quelques lignes seulement. Baudelaire, traducteur de Poe, a proposé cette analyse de la nouvelle : Auteurs de nouvelles
;Nouvelle médiévale et classique
- Jean Boccace
- Geoffrey Chaucer
- Bonaventure des Périers
- Noël du Fail
- Miguel de Cervantes
- Marguerite de Navarre
- Jean de la Fontaine ; Période moderne
- Dominique Vivant Denon
- Théophile Gautier
- Johann von Gœthe
- Joris-Karl Huysmans
- Henry James
- Guy de Maupassant
- Prosper Mérimée
- Octave Mirbeau
- Gérard de Nerval
- Edgar Poe
- Danièle Sallenave ; Période contemporaine :
- Marcel Aymé
- Mario Benedetti
- Jorge Luis Borges
- Daniel Boulanger
- Fredric Brown
- Dino Buzzati
- Raymond Carver
- José Manuel Castañón
- Julio Cortázar
- Philip K. Dick
- Francis Scott Fitzgerald
- Patricia Highsmith
- Stephen King
- Jean de La Varende
- Carson McCullers
- Luigi Pirandello
- Jorge Queirolo Bravo
- Juan Rulfo
- Ernesto Sabato
- Leonardo Sciascia
- Robert Louis Stevenson
- Anton Tchekhov
- Roald Dahl
- Marguerite Yourcenar, Nouvelles orientales ==